@Sherbylove : La murale des Anglais et du gaspillage?
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Date: 7 septembre 2016Auteur: Daniel Nadeau
Aujourd’hui, l’organisme MURIRS procèdera à l’inauguration de sa quinzième murale au centre-ville de Sherbrooke. Ce n’est pas rien. Il faut d’abord et avant tout applaudir à ce grand succès. Grâce à MURIRS, le Centre-ville de Sherbrooke est un véritable musée à ciel ouvert. Félicitations à Serge Malenfant et à tous les artistes qui ont contribué par leurs grands talents à enrichir notre environnement culturel.
Il faut dire aussi que MURIRS ce n’est pas une entreprise privée à des fins de profit, mais plutôt un organisme sans but lucratif. Rappelons ici la mission de cet organisme : « M.U.R.I.R.S (Murales Urbaines à Revitalisation d’Immeubles et de Réconciliation Sociale) est un organisme à but non lucratif ayant pour mission de promouvoir la valorisation du milieu en produisant des œuvres murales et en favorisant le rapprochement social. » Quant à son mandat, il consiste à « des fins purement sociales touristiques et artistiques, et sans intention de gain pécuniaire. Tous les profits ou autres accroissements de la corporation sont employés à favoriser l’accomplissement des buts visés :
- Améliorer le décor urbain et offrir une revitalisation artistique par l’art mural.
- Promouvoir la culture en produisant des œuvres collectives, incitant un rapprochement entre différents groupes sociaux par cette forme d’activité à caractère strictement non lucratif.
- Susciter une attraction touristique de l’endroit fréquenté, valorisant les caractères patrimoniaux et culturels de la ville concernée. »
On est loin d’un contexte où le pouvoir municipal favorise les « petits amis » comme l’a affirmé la conseillère Hélène Dauphinais se drapant dans sa toge de la défense des contribuables sherbrookois. On parle ici d’un organisme communautaire qui fait appel à des artistes qui sont souvent laissés pour compte par le marché de l’emploi traditionnel. Je comprends les mécanismes de la politique partisane, mais il y a des limites à ne pas franchir.
Reste quand même que cette murale, contrairement aux autres, fait l’objet de commentaires moins élogieux qu’habituellement à cause de deux motifs : le dépassement de coût qui a fait l’objet d’échanges politiques costauds au Conseil municipal et une inscription franglaise du mot-clic @Sherbylove qui suscite la controverse dans les milieux plus nationalistes de la ville de Sherbrooke. Deux pôles de contestation qui n’ont rien en commun, mais qui se rejoignent dans l’actuel concert de protestation.
En ce qui concerne le dépassement de coûts, il m’apparaît que ce dossier aurait dû être mieux géré. Plus d’informations c’est mieux que pas assez. Si les contraintes techniques étaient telles, on aurait pu en informer la population et les membres de notre Conseil municipal en amont pour éviter d’être accusé par la suite d’avoir mis tout le monde devant un fait accompli. J’écris cela sous toutes réserves, car je ne connais pas tous les tenants et aboutissants du dossier. Néanmoins, j’énonce un principe général.
Quant à la question du mot-clic, nous sommes dans un tout autre débat. Nous entrons dans le débat nationaliste et dans la question toujours fragile de la protection de la langue française pour en assurer la pérennité. Cela est prévisible puisque le gouvernement au Québec est libéral et que le responsable de la loi sur la langue au Québec est le député de Sherbrooke et par ailleurs ministre de la Culture, Luc Fortin. C’est de bonne guerre pour celles et ceux qui souhaitent faire du Québec un pays. Le mot-clic est-il une menace à notre identité? Je ne le crois pas, mais tous ont droit à leur sensibilité.
Je crois enfin que nous devrions nous réjouir de cette nouvelle murale qui vient ajouter à la richesse du patrimoine culturel du centre-ville de Sherbrooke et féliciter les gens de MURIRS pour leur talent et pour la pérennité de leur œuvre. Faisons une pause de nos débats politiques aujourd’hui, je suis persuadé que celles et ceux qui le souhaitent auront de nombreuses autres occasions pour en découdre avec l’administration Sévigny sur son gaspillage et avec le gouvernement libéral pour sa démission à défendre notre identité française. Aujourd’hui, c’est le moment de féliciter Serge Malenfant et sa troupe. Merci, Serge, pour ta contribution à notre patrimoine culturel…