11 septembre 2001
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Date: 13 septembre 2016Auteur: Daniel Nadeau
Vous rappelez-vous où vous étiez le 11 septembre 2001? Avec qui étiez-vous? Quelles furent vos émotions lorsque vous avez découvert que l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center à New York était le fait d’un attentat terroriste? Comment avez-vous réagi à cette vision d’horreur de cette tuerie innommable faite au nom de l’Islam et de la grandeur de Mahomet?
Êtes-vous d’accord pour dire aujourd’hui, comme maints commentateurs ou observateurs de l’actualité politique américaine et de l’actualité internationale, que ce jour-là notre monde a basculé vers un nouveau? Un monde nouveau où la mort des innocents sera désormais banalisée face à l’action terroriste des musulmans intégristes.
De nombreux historiens, communicateurs et politologues se penchent sur cette question et dans de nombreuses recherches et études ils essaient de comprendre comment cet événement a façonné notre réalité aujourd’hui. Il semble bien que la preuve soit irréfutable. Le 11 septembre 2001 a été un événement mémoriel et identitaire. Un événement marquant pour tous. Au nom de cet événement et de ses conséquences, nous avons accepté que nos droits et libertés soient rééquilibrés en faveur du principe d’une plus grande sécurité. Nous avons accepté beaucoup de contrôles tatillons lorsque nous fréquentons un aéroport.
Dimanche, il y a deux jours à peine, on a marqué le coup dans les médias en rappelant le 15e anniversaire de cet événement triste de l’histoire du 21e siècle. Dans le choix des angles de traitement, et c’est une opinion impressionniste puisque je n’ai pas tout vu, ni tout lu, les différents médias d’information ont choisi de fortifier le côté victimaire de cet événement et rappeler l’existence de la menace terroriste.
Comme l’histoire, les médias contribuent à façonner notre compréhension du monde. Il est important dans ces conditions de se questionner sur leurs choix éditoriaux. Deux exemples illustreront mon propos.
Le premier, c’est cette affirmation redondante que nous entendons qui nous laisse sur l’impression que le 11 septembre 2001 est un moment de rupture où notre monde a basculé dans un monde où le terrorisme s’est mondialisé et est devenu un nouveau terrorisme. Une étude récente que je commente demain dans ma chronique dans Le Journal Internet EstriePlus, nous dit plutôt que, et je me cite :
« Ce qu’il faut retenir de cette chronique c’est l’une des conclusions fortes de l’auteur dans son étude sur le terrorisme :
“Le terrorisme devient ainsi de plus en plus global, que ce soit en vertu de ses cibles ou de son champ d’action. L’histoire comparée et le recul du temps long permettent en effet de relativiser quelques clichés, comme celui selon lequel le caractère nouveau du terrorisme islamiste serait son caractère anti-occidental. Tout montre au contraire qu’il l’est sans doute moins que ses principaux devanciers dans l’histoire du terrorisme global.” (RAFLIK, Jenny, Ibid. p. 368)
Ainsi, lorsque des chroniqueurs comme Richard Martineau ou d’autres tenteront de vous faire croire que tout a commencé avec le 11 septembre 2001 et les méchants islamistes, que d’autres chercheront à vous instiller la conviction que c’est à cause de la mondialisation, des Américains, de la religion qu’il existe un mouvement terroriste international, soyez sceptiques et critiques. Il ne faut pas croire les Trump et Marine Le Pen de ce monde. Il faut plutôt chercher à comprendre la complexité du monde avec les clés de compréhension que peuvent nous donner l’histoire et ses praticiens. » (Chronique de Daniel Nadeau Terrorisme 101 dans EstriePlus à paraître le mercredi 14 septembre)
Le second est de rappeler que le 11 septembre c’est aussi l’anniversaire du coup d’État au Chili qui a conduit à l’assassinat du président légitimement élu Salvator Allende, coup d’État qui a fait plus de 60 000 victimes. Qui en parle aujourd’hui? La vie des 60 000 personnes du Chili vaut-elle moins que celle des 2 977 victimes de l’attentat du World Trade Center à New York?
Mémoire sélective j’écrivais plutôt. Il faut se souvenir du 11 septembre 1973 tout comme du 11 septembre 2001…