Uber et contre tous

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Date: 15 septembre 2016
Auteur: Daniel Nadeau

Formulez un problème sérieux, n’importe lequel, et soumettez-le au gouvernement libéral de Philippe Couillard et vous verrez il en fera très rapidement une crise. Il n’en est pas autrement de la crise dans l’industrie du taxi qui oppose chauffeurs et propriétaires à la multinationale UBER-X.taxiLe gouvernement a eu de multiples positions officielles sur cette question. Les tensions étaient vives entre certains titulaires du ministère des Transports et le bureau du premier ministre, rappelons-nous Jacques Daoust. Même les jeunes libéraux y ont ajouté leur grain de sel. Puis, il y a eu une commission parlementaire dont les conclusions semblaient favorables à l’industrie traditionnelle du taxi. Et, oh surprise! Un nouveau ministre des Transports avec une échéance à respecter pour maintenir les services d’Uber au Québec. Voilà donc une entente sortie d’un chapeau à minuit moins une et s’en suit la crise que nous connaissons aujourd’hui. Le gouvernement libéral s’est comporté de façon erratique dans ce dossier envers et contre tous. Pas étonnant que l’opinion publique ait de la difficulté à suivre. Une chatte y perdrait ses petits…

Pourtant, la question de la présence d’UBER au Québec soulève de sérieuses questions quant à l’avenir même de l’économie du Québec. Il est ici question d’économie de partage et de nouvelle révolution économique sous l’impulsion de l’économie numérique. Comme jadis, lors du passage de l’artisanat à l’industrialisation dans le maintenant lointain 19e siècle, la société ne peut faire l’économie de réfléchir à son devenir. Toute l’organisation du travail, les modes de produire et de consommer seront touchés même s’il est encore impossible de prévoir avec exactitude quelle en sera l’ampleur.

Le phénomène de l’économie numérique n’est pas unique à l’industrie du taxi.taxi_1 La révolution numérique affecte toute notre vie. Les médias en savent quelque chose tout particulièrement les médias imprimés qui ont vu fondre comme neige au soleil leurs revenus publicitaires. Parlez-en aux producteurs de disques qui ont dû s’adapter aux changements technologiques. Que dire des bouleversements que le Web et ses plates-formes d’achats en ligne induisent au commerce de détail? Et tutti quanti.

C’est pourquoi on ne peut que déplorer une fois encore la démission du gouvernement du Québec devant ses responsabilités en proposant de régler à la pièce des problèmes comme ceux que pose UBER à notre façon de vivre. Il n’a pas agi autrement dans le domaine de l’hébergement et il s’apprête à chercher à agir pour protéger l’information régionale si l’on en croit le ministre responsable de la Culture, Luc Fortin.

Je comprends la colère et le désarroi des chauffeurs et des propriétaires de taxis face à l’arrivée d’Uber dans la dynamique de leur industrie. Il est clair que le Québec doit faire face à la révolution numérique et prévoir des mesures de transition pour les activités économiques existantes. Néanmoins, il ne faut pas jouer à l’autruche et se mettre la tête dans le sable, la révolution numérique va tout transformer sur son passage et il n’est pas certain que le modèle québécois si prisé par l’électorat québécois puisse résister à ses assauts comparables à un ouragan de force 5.

Il faut que le gouvernement du Québec et les principaux acteurs de l’économie se donnent la peine de réfléchir ensemble aux conséquences de cette révolution numérique dans nos vies. Il faut aussi que l’on se donne des moyens ensemble pour amoindrir le choc pour nous tous afin de préserver l’essentiel de ce que nous sommes. Chose certaine, il faut se sortir de la politique du gouvernement libéral de Philippe Couillard Uber et contre tous…

P. S. Celles et ceux qui s’intéressent à la question peuvent aussi lire dans le journal Le Devoir du mardi 13 septembre l’excellente contribution sur cette question du conseiller en relations industrielles Jonathan Plamondon.

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