L’Arabie saoudite et nous
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Date: 30 novembre 2016Auteur: Daniel Nadeau
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi l’Arabie saoudite est un pays lointain. La contrée du détestable prince Abdallah dans Tintin au pays de l’or noir. C’est aussi le pays du pétrole et le régime responsable de la première crise pétrolière du temps de la formation de l’OPEP.
Plus près de nous, c’est le pays de tortionnaires qui retient prisonnier Raif Badawi dont la famille vit à Sherbrooke dans la même ville que moi. C’est enfin le régime qui finance les mosquées qui chez nous font l’objet de tant de bruits avec leurs demandes d’accommodements souvent déraisonnables. C’est aussi le régime qui commandite bien des sources terroristes qui font si peur à la population occidentale de plusieurs pays libéraux.
Jamais je n’aurais pu imaginer même dans mes rêves les plus fous que ce pays serait un jour candidat à son entrée dans la grande famille de la francophonie. C’est dire que cette organisation a aujourd’hui peu à voir avec son appellation. Si cette organisation a déjà eu un sens à donner à la francophonie, la discussion concernant l’entrée de l’Arabie saoudite autour de sa table est un indicateur évident d’une certaine dérive.
Mais le pire de cette nouvelle qui a fait les manchettes des médias la semaine dernière et le week-end dernier c’est que le premier ministre de la seule nation francophone en Amérique du Nord n’ait pas décrié sur-le-champ une telle possibilité. Philippe Couillard a plutôt, avant de finalement s’opposer à l’entrée de l’Arabie saoudite dans la confrérie de la francophonie mondiale, choisi de crédibiliser cette candidature en affirmant qu’il ne faut pas exclure ces pays si l’on veut qu’ils changent. La belle affaire!
Déjà que les liens de Philippe Couillard avec l’Arabie saoudite laissent perplexe. Un pays que tant de valeurs opposent aux nôtres. Un pays avec lequel nous aurions des milliers de raisons de rompre nos relations non seulement diplomatiques, mais d’affaires. Un pays qui vit à même des ressources qui à terme annoncent la destruction de la planète, je parle ici du pétrole bien évidemment. Un pays enfin qui torture et lapide des gens pour leurs opinions ou pour des valeurs qui nous sont chères.
Je suis très choqué par le ton courtois et bon enfant de celui qui doit défendre notre culture et nos valeurs dans le monde. Philippe Couillard a une fois de plus fait la preuve de son manque de sensibilité envers ce que nous pouvons nommer la nation québécoise. Être fédéraliste ne justifie pas autant que nous ne défendions pas notre patrie et notre nation…