Web et identité 2.0

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Date: 9 août 2017
Auteur: Daniel Nadeau

Dans le monde moderne, la question de l’identité est un sujet de préoccupations central. Cette question de l’identité du Québec et du Canada fait l’objet de débats depuis des décennies. Cartographie de l'identité numériqueAussi, depuis la Seconde Guerre mondiale et plus encore depuis la montée de l’individualisme dans les sociétés occidentales contemporaines, la question de l’identité est devenue cruciale pour la plupart des gens.

La venue de la société en réseaux et la diffusion de plus en plus large des nouvelles technologies de l’information ont aussi un effet décisif sur la façon dont nous percevons notre identité et celle des autres. L’avènement d’une société branchée a ajouté une nouvelle forme de médiation de notre individu par rapport à autrui. Cela vient retraduire dans de nouveaux termes la manière dont nous pensons notre Je et le définissons par rapport aux autres.

Selon le sociologue en humanités numériques et chroniqueur à l’émission La Sphère d’Ici Radio-Canada Première, Fabien Loszach, les nouveaux médias viennent offrir une toute nouvelle perspective à la médiation entre le Je et le Eux, cela « redéfinit la manière dont le sujet se pense comme individu et construit son identité » (Fabien Loszach, 50 questions pour expliquer le Web à mon père, Montréal, les Éditions Cardinal inc., 2016, p. 20).

Plus encore, nous dit Loszach, « la multiplication des points de contact avec autrui que permet la connexion au réseau ravive quotidiennement le débat moderne sur la question du sujet et de l’identité. Ce débat se polarise entre deux tendances antagonistes : la tendance à la recherche d’indépendance et d’autonomie (forte identification de soi, besoin marqué de mise en scène de soi) et la tendance à l’hétéronomie (recherche de contacts avec les autres, de liens, etc.) » (Ibid. P. 20-21)

Cela conduit à la nécessité de gérer au quotidien son capital symbolique et relationnel. L’individu connecté qui se met en scène sera préoccupé du nombre d’abonnés, d’amis, de followers et de j’aime. Nous devons gérer ces relations en faisant la mise en scène de soi tout en faisant une économie de nos relations. Cela exige une transparence totale et où la sphère de l’intimité est réduite à sa plus simple expression. Jamais le lien entre ce qui est d’ordre privé ou public n’aura autant été ténu que sur les profils d’individus sur les réseaux sociaux. On retrouve, nous dit encore l’auteur Loszach, « un désir de partager et de se publiciser » (Ibid. p. 22) de plus en plus sollicité par les différents réseaux sociaux. Les individus qui participent à cette mise en scène sont souvent obsédés par une documentation exigeante de soi qui mène à la transparence quasi totale. L’identité est donc un peu faussée par ce désir de tout dire pour se mettre en scène et pour capter l’intérêt des autres.

Il faut cependant se méfier, car derrière cette transparence quasi totale et l’apparence de l’absence d’une sphère de l’intime se cache le désir de se construire une identité sur mesure pour nos publics. Une identité construite qui nous permettra d’avoir l’air de ce que nous ne sommes pas. Cela peut venir fausser notre identité et nous faire perdre le repère de nos valeurs.

La question de l’identité sur les réseaux sociaux soulève beaucoup plus de problèmes qu’il n’y paraît à première vue. Il faut donc se rappeler à chaque instant que nous sommes des humains et sommes ce que nous sommes. Cela devrait être notre guide.

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