La liberté selon Caligula
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Date: 20 mars 2017Auteur: Daniel Nadeau
C’est un excellent spectacle que propose le Théâtre du Nouveau Monde avec sa pièce Caligula, pièce mise en scène par René Richard Cyr et jouée brillamment par des interprètes au ton juste, dont la magnifique performance de l’acteur Benoit McGinnis dans le rôle de l’empereur Caligula.
Si l’on situe cette pièce dans l’œuvre d’Albert Camus, on peut dire que cette pièce de théâtre dont la dernière version a été achevée en 1958 faisait partie d’un triptyque pour Albert Camus. Il y avait le roman L’Étranger et l’essai Le Mythe de Sisyphe. C’était le cycle de l’absurde. Albert Camus souhaitait révéler la quête de l’absolu chez l’être humain tout en dévoilant qu’il pouvait faire de multiples choix, bons ou mauvais, grâce à l’usage de la valeur suprême de l’homme pour Camus : la liberté.
La mise en scène de René Richard Cyr et le jeu brillant de McGinnis ont permis, à nous spectateur, de bien saisir l’œuvre de Camus et ses intentions. Le décor retenu ainsi que la musique nous faisait plonger dans une atmosphère de fin du monde où de lendemains d’attentats.
Les sénateurs et la Cour de Caligula permettaient de rappeler comment le courage de ses convictions est une valeur mal répartie parmi des subordonnées. La lâcheté de ces gens autour de ce fou lucide et dangereux qui terrorisait tout son empire ne manquait pas de rappeler à nos souvenirs les nôtres.
René Richard Cyr a su mettre en scène de façon contemporaine le puissant texte Caligula d’Albert Camus. Le jeu de Benoit McGinnis était superbe. Il donnait beaucoup de crédibilité à son personnage lucide et totalement dément. Ce qui résume le mieux la pièce c’est cette tirade de Caligula : « j’ai choisi la mauvaise liberté ». C’est un excellent spectacle que je recommande à tous.
On retrouvait dans ce spectacle la quintessence de la réflexion camusienne sur l’absurde et la révolte. Il nous permet aussi de réfléchir sur le bon usage de notre liberté si précieuse.