Madame Sutto
--
Date: 31 mars 2017Auteur: Daniel Nadeau
La comédienne Janine Sutto bien connue et très appréciée du public québécois a rendu l’âme de mort naturelle un peu plus tôt cette semaine. Cette femme admirable a été parmi nous pour nous divertir au théâtre, à la radio et à la télévision plus de 75 ans. Née en France, Janine Sutto a commencé sa carrière dans des radios-feuilleton et au théâtre. Elle a même fondé une compagnie théâtrale en 1943 avec Pierre Dagenais, le Théâtre de l’Équipe.
Dès la naissance de la télévision, cette grande comédienne a été de la distribution des Belles histoires des pays d’en haut et dans le film le Père Chopin qui marque le début du cinéma québécois. Femme liée aux grands moments de la culture québécoise, elle participe en 1968 à la création des Belles-sœurs de Michel Tremblay en incarnant Lisette de Courval. En 2010, elle est de la création de la comédie musicale Belles-Sœurs, en jouant cette fois Olivine Dubuc; le spectacle connaîtra un vaste rayonnement au Québec ainsi qu’au Théâtre du Rond-Point, à Paris, en 2012.
Parallèlement à ses nombreux rôles au théâtre, elle est active à la télévision pendant toute sa carrière. On se souvient aussi d’elle dans les téléromans suivants Joie de vivre, Septième nord et, le plus célèbre, Symphorien, où elle incarne Mlle Berthe L’Espérance aux côtés de Gilles Latulippe. Elle retrouve d’ailleurs celui-ci à la Télévision de Radio-Canada dans la série Poivre et Sel.
Janine Sutto joue dans un nombre imposant de téléséries et films québécois. En 2011, à 90 ans et plus de 75 ans de carrière artistique plus tard, elle est encore active à la télévision, au cinéma et au théâtre. Ce fut une grande dame de la culture québécoise.
Janine Sutto fut aussi une femme à part entière pour qui le féminisme n’était pas une vaine étiquette. Notre Jeanette Bertrand nationale a déclaré cette semaine que cette diablesse de femme se comportait comme un homme dans sa vie privée. Ce qui est attesté dans la biographie qu’a écrite son gendre, l’ancien journaliste de Radio-Canada, Jean-François Lépine. Dans un livre écrit sans pudeur, la vie de ce monument de la culture québécoise nous est révélée.
Fervente comédienne, souverainiste, Janine Sutto n’avait pas une once de snobisme et elle était d’une franchise et d’une candeur désarmante. C’est très incompréhensible que le gouvernement du Québec n’ait pas jugé bon de lui faire des funérailles nationales. Janine Sutto est mille fois plus populaire que ce gouvernement et la population du Québec aurait surement été heureuse de voir son gouvernement lui rendre un hommage. Si l’imprésario et mari de Céline Dion, René Angelil, méritait des funérailles nationales, il est fort difficile de comprendre la logique du gouvernement de Philippe Couillard qui ne pense pas, semble-t-il, que Janine Sutto était au moins aussi importante pour le Québec que monsieur Angelil…