Le dernier gay
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Date: 5 avril 2017Auteur: Daniel Nadeau
Beaucoup d’encres, de paroles ont marqué le lancement la semaine dernière de l’essai d’Éric Duhaime publié aux Éditions de l’homme et intitulé de façon provocante : « La fin de l’homosexualité et le dernier gay ». J’ai volontairement attendu d’avoir lu l’essai du populaire polémiste de la radio parlée de Québec avant de commenter. Pour tout vous dire, j’ai été agréablement surpris par la qualité de l’essai d’Éric Duhaime. On a beau ne pas aimer Duhaime et trouver qu’il tient des propos dérangeants, mais il faut tout de même avoir l’honnêteté de lui reconnaître du talent pour créer la polémique.
Au fond, ce que lui ont reproché plusieurs personnes c’est de se faire son propre porte-parole et de déclarer : « Ben oui, je suis GAY! Pis après? » Dans son livre, Éric Duhaime partage son parcours de gay et il déclare refuser de jouer la victime. Pour lui, il est clair qu’être homosexuel au Québec en 2017 ne change pas vraiment grand-chose. C’est sans étonnement que l’on comprend que le lobby gay n’a pas apprécié. Qui plus est, Duhaime se risque même à faire des parallèles avec le féminisme. Quant à se faire des ennemis pourquoi se contenter de peu? Pour Éric Duhaime, l’orientation sexuelle ne change pas grand-chose et il estime que le lobby gay et son pendant féministe se présentent comme des victimes alors que les femmes et les hommes au Québec ne sont pas des victimes. Il souhaite que nous passions à autre chose.
Lisons-le : « Le combat numéro un pour la liberté et la protection de notre vie privée a été pendant une génération ou deux celui des droits des femmes, des Noirs et des gays. On s’est notamment battus pour légaliser l’avortement, ou autoriser le mariage entre personnes du même sexe ou abolir la ségrégation raciale, toujours pour assurer que tous sont égaux devant la loi. C’est aujourd’hui chose faite. Ce discours ne plaira évidemment pas à l’industrie de la victimisation. » (Éric Duhaime, La fin de l’homosexualité et le dernier gay, Montréal, Les Éditions de l’homme, 2017, p. 140.)
Tout comme Marie-France Bazzo qui préface ce livre, je suis en désaccord avec les propos de Duhaime. Je crois qu’il fait fausse route en affirmant que le combat des droits des gens qui sont différents de la majorité est terminé. Je trouve qu’il est peu reconnaissant envers celles et ceux qui ont rendu possible sa vie paisible dans sa différence. Je ne suis cependant pas de ceux qui croient qu’Éric Duhaime est infréquentable. Comme Bazzo, je crois qu’« Éric Duhaime est énervant. Il vitupère, tire sur tout ce qui bouge… il aime aussi profondément le Québec… » (Eric Duhaime, ibid. pp. 9-10.)
Le plus grand mérite d’Éric Duhaime est de débattre. J’aime bien un Québec en débats avec lui-même plutôt qu’emprisonné dans ses certitudes de biens pensants…