Les sages paroles de Tocqueville
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Date: 20 juin 2017Auteur: Daniel Nadeau
Alexis-Henri-Charles Clérel, comte de Tocqueville, généralement appelé par convenance Alexis de Tocqueville, né à Paris le 29 juillet 1805 et mort à Cannes le 16 avril 1859, est un philosophe politique, homme politique, historien, précurseur de la sociologie et écrivain français. Il est célèbre pour ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l’évolution des démocraties occidentales en général.
Si je vous parle d’Alexis de Tocqueville ce matin c’est à cause d’un livre que vient tout juste de publier l’ancien recteur de l’UQAM, Claude Corbo, chez Del Busso éditeur sur Tocqueville. Relisant avec cet universitaire de carrière les écrits de Tocqueville chez les perdants, je suis tombé sur la citation suivante :
« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire au moins qu’il n’a plus de patrie.
Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. » (Corbo. Claude, Tocqueville chez les perdants, Montréal, Del Busso, 2016, p. 32-33).
Que dire de plus pour prouver l’actualité de la pensée d’Alexis de Tocqueville en regard de la situation actuelle qui prévaut dans nos démocraties occidentales? Parmi celles-ci, certaines sont plus durement atteintes, par exemple notre voisin les États-Unis d’Amérique. Le ridicule tue et le président actuel des États-Unis, Donald Trump, est à pied d’œuvre pour nous en faire la démonstration chaque jour. Si nous pouvons parfois chercher à nous redonner de l’espoir, on peut tourner notre regard vers la France de Macron. Néanmoins, le chemin ne sera pas sans périls. Le Royaume-Uni traverse des jours sombres avec la nécessité de négocier sa sortie de l’Europe alors que le leadership politique de ce pays est lourdement affaibli. Il reste bien sûr d’autres pays où les choses semblent aller mieux comme l’Allemagne et le Canada, mais rien n’a autant d’influence dans le monde que ce qui se passe aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni.
Notre démocratie est en souffrance et seul un regain citoyen pourra sauver la mise. Les démocrates de tous les pays seront-ils capables de s’unir pour faire triompher leurs valeurs tout en combattant les inégalités et les dysfonctionnements les plus évidents sous l’impulsion de cette idéologie détestable qu’est le néo-libéralisme?
C’est ce que nous verrons. Heureusement, se plonger dans des œuvres anciennes nous permet encore de réfléchir à ce que nous sommes. Qui aurait dit qu’Alexis de Tocqueville serait en 2017 une source de réflexion de notre époque. Lisez le livre de Claude Corbo, il en fait la démonstration.
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