L’espoir trahi?
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Date: 22 juin 2017Auteur: Daniel Nadeau
J’étais parmi ceux qui fondaient beaucoup d’espoir sur le nouveau gouvernement du Canada dirigé par le jeune et charismatique premier ministre, Justin Trudeau. Élu en octobre 2015, le nouveau gouvernement libéral n’est pas encore à mi-mandat. Il semble donc encore trop tôt pour avoir un jugement définitif sur ce gouvernement et sur le premier ministre.
Il faut dire que Justin Trudeau avait la partie belle. Il prenait le pouvoir après dix ans de gouvernement conservateur de Stephen Harper. Un gouvernement cachotier, rancunier et surtout en porte-à-faux avec la politique mainstream canadienne. Les valeurs portées et défendues par les conservateurs de Stephen Harper étaient souvent aux antipodes de celles des Canadiens de l’Ontario et du Québec.
Plus encore, Justin Trudeau a fait une campagne électorale impressionnante et il a fait très peu de fautes dans son parcours électoral. Au grand dam de celui qui aurait dû gagner cette élection, Thomas Mulcair. Justin Trudeau a aussi suscité beaucoup d’espoir parmi la population. D’abord, s’inscrire en rupture avec le régime conservateur de Stephen Harper. Puis, des engagements fermes quant au changement de la façon de faire de la politique. Enfin, par un programme de communications et des relations publiques à la hauteur et faisant appel largement aux nouveaux médias notamment aux médias sociaux.
Sur le plan de la politique internationale et du rayonnement du Canada dans le monde, on doit accorder une excellente note au premier ministre et à son gouvernement. Il a su bien gérer tant l’accord de Paris que les suites de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, notre puissant voisin du sud.
Cela se gâche un peu en ce qui concerne les politiques intérieures du Canada. La réforme du mode de scrutin, un engagement central de la campagne de Justin Trudeau, a été mise à la poubelle. Son entêtement à faire vite avec la légalisation de la marijuana apparaît suspect aux yeux de plusieurs. Ses hésitations quant à ce que le gouvernement devait faire à la suite du jugement de la Cour Suprême du Canada sur la question du suicide assisté ne l’ont pas aidé et nous en vivrons les conséquences au cours des prochains mois.
D’autre part, le parcours tortueux du gouvernement Trudeau en matière d’environnement concernant l’accord de Paris et la question du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta et des pipelines sont de mauvais points à son dossier. Je ne parle même pas des nombreuses consultations et des mécanismes de nomination qui donnent l’impression d’un gouvernement qui refuse d’agir. Passons sur la question de la place du Québec et des nations amérindiennes au Canada. Un bilan contrasté qui fait penser que peut-être nos espoirs seront trahis.
Justin Trudeau est en soi un phénomène politique. Sa popularité ici et à l’étranger ne fait aucun doute. Le problème qui se pointe à l’horizon concerne sa crédibilité. Sur ce point, de nombreuses améliorations sont possibles. Le danger qui guette Justin Trudeau est que sa popularité décline plus vite que la construction de son capital de crédibilité. Et ce n’est pas la vigueur de la parole de son caucus de députés du Québec qui pourront venir à sa rescousse…