Irma : la gestion de crise de Justin Trudeau
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Date: 13 septembre 2017Auteur: Daniel Nadeau
L’industrie du commentaire politique s’en donne à cœur joie ces derniers jours pour accuser le gouvernement du Canada d’avoir « mal géré » la crise Irma et d’avoir été peu présent dans les médias ce weekend afin de donner l’heure juste quant au rapatriement des ressortissants canadiens qui étaient dans les Caraïbes. On sait que l’opinion publique est affaire de perception et qu’une bonne gestion de crise passe au moins à 50 % par une présence bien appuyée dans les médias et non pas par ce que l’on dit ou l’on fait.
Reste que le gouvernement du Canada aurait pu mieux communiquer ce weekend sur ses actions pour rapatrier les ressortissants canadiens qui étaient coincés par les conséquences de l’ouragan Irma dans les Caraïbes.
Cela dit, si l’on veut mettre cet événement en perspective, on comprendra que la ministre des Relations internationales du Canada, madame Marie-Claude Bibeau, avait raison d’insister sur le volet de l’aide internationale que le Canada était à évaluer pour ces îles paradisiaques des Caraïbes. Si plusieurs d’entre elles sont sous la responsabilité de gouvernements puissants comme ceux du Royaume-Uni, de la France et de la Hollande, il reste que Cuba est plutôt seul dans son genre tout comme l’a été par le passé Haïti.
Entre nos ressortissants inquiets qui vivent des désagréments à la suite du choix de leur destination vacances et le sort qui attend le peuple cubain, il me semble que la population canadienne devrait faire preuve d’une plus grande empathie à l’endroit de ceux qui habitent Cuba.
Plusieurs Québécois ont des propriétés en Floride. Plus d’un demi-million d’entre nous y séjournent chaque hiver. Les conséquences du passage d’Irma se sont fait sentir puissamment tant sur la côte est que sur la côte ouest. Par exemple, le lieu que je fréquente a vu plusieurs arbres déracinés et ce ne sera plus jamais comme avant. Pourtant, la situation est maîtrisée et personne n’aurait l’idée de demander au gouvernement du Canada de rapatrier celles et ceux qui parmi les nôtres sont en mauvaise posture en Floride.
Le traitement par les médias d’information de l’ouragan Irma, l’aspect sensationnaliste de la couverture, l’ampleur des dégâts tendent à faire oublier des éléments factuels de base pour tout voyageur. La saison des ouragans a toujours lieu, généralement, de la mi-août à la fin novembre, le moment fort étant à la mi-septembre. Il était de notoriété publique cette année qu’il y aurait une haute activité en matière d’ouragans dans l’Atlantique particulièrement pour la Floride. La science des météorologues ne s’est pas trompée et ses prédictions ont été justes.
Étant au fait de cette situation permettait de faire des choix en toute connaissance de cause concernant sa destination voyage. Ce n’est pas l’idée du siècle de fréquenter les Caraïbes et la Floride en pleine saison des ouragans. C’est encore plus important de faire ce que nous ne faisons jamais : s’inscrire à l’ambassade canadienne pour signifier notre présence dans ces lieux. Malheureusement, les gens ne l’ont pas fait et cela a compliqué la tâche des autorités pour rapatrier rapidement nos ressortissants dans ces zones de tempête. Même si nous n’aimons pas entendre cela, il faudra s’y habituer, car les ouragans sont là pour demeurer nourris par le réchauffement des eaux de l’océan dans le sillage de l’augmentation des gaz à effet de serre.
Cela demande changer notre approche des choses. C’est comme les gens qui ont des propriétés en Floride et qui pour des raisons d’économie décident de ne pas assurer leurs biens contre les ouragans. Dans le monde actuel, ne pas s’assurer contre les ouragans en Floride est impensable. Ces gens peuvent-ils, une fois l’inéluctable arrivé, blâmer qui que ce soit d’autre qu’eux-mêmes…