L’agneau sacrifié à l’opinion publique
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Date: 14 septembre 2017Auteur: Daniel Nadeau
Les commentateurs de l’actualité politique ont de nombreux sujets à se mettre sous la dent ces jours-ci et la rentrée parlementaire n’est même pas encore faite tant à Québec, qu’à Ottawa. Difficiles à rassasier, ils nourrissent quotidiennement la bête opinion publique avec de nombreux sujets. La gestion de crise Irma du gouvernement Trudeau, le vote de confiance de Lisée sont autant de sujets qui ont retenu l’attention ces derniers jours. Parmi les sujets inattendus, le départ du directeur de cabinet du premier ministre Philippe Couillard, Jean-Louis Dufresne fait partie des sujets que personne n’avait vus venir.
Il est amusant d’entendre les commentaires au sujet du départ de monsieur Dufresne. Les porte-parole des différents partis d’opposition se sont réjouis du départ de monsieur Dufresne. Après tout, ils réclamaient sa tête depuis plusieurs mois dans la foulée des dossiers de RONA, des liens avec l’ex-grand argentier du PLQ, Marc Bibeau et dernièrement de la catastrophe Éric Tétrault dans le comté de Louis-Hébert.
Ce qu’il faut voir dans le départ de monsieur Dufresne, c’est l’anxiété d’un parti politique au pouvoir qui voit ses chances de réélection être plombées malgré la bonne performance du Québec en matière d’économie. Les députés cherchent un bouc émissaire et c’est souvent l’entourage du premier ministre qui est sur le banc des accusés. Que monsieur Dufresne parte ou reste ne changera pas la faible implantation des libéraux auprès de l’électorat francophone. Ce n’est pas monsieur Dufresne qui est responsable de l’absence de leadership de ce gouvernement en matière d’identité et de langue. Ce n’est pas non plus le personnel de monsieur Couillard qui est responsable de ses ratés de communication. De tous les cabinets libéraux, celui de Philippe Couillard apparaît comme l’un des plus faibles de l’histoire de ce parti. À part quelques valeurs sûres, le cabinet de monsieur Couillard est composé de personnalités qui peinent à faire leurs marques auprès de l’opinion publique. J’ai maintes fois dans ces billets pointés l’incompétence de ce gouvernement à gérer les crises qui l’ont secoué.
Le problème libéral c’est que c’est un parti usé et qui traîne de nombreuses casseroles liées à l’intégrité. Le Parti libéral du Québec a rompu avec sa propre histoire et sa tradition d’être le défenseur de la nation québécoise. Nous sommes loin de la société distincte de Robert Bourassa. Au Québec, on peut être attaché à son appartenance canadienne, mais jamais on ne doit oublier que nous devons défendre la société canadienne-française qui n’a que l’État québécois pour assurer sa pérennité.
Il n’est pas extraordinaire qu’un directeur de cabinet d’un premier ministre quitte ses fonctions après plus de trois ans en poste. Diriger le cabinet d’un premier ministre est une tâche ingrate. C’est au détenteur de ce poste que revient la tâche de protéger le premier ministre, d’accuser tous les coups et de distribuer les remontrances aux cabinets des ministres, aux ministres et aux députés. Monsieur Dufresne avait, dit-on, un style coupant direct et cela n’était pas apprécié. Soit. Néanmoins, monsieur Dufresne apparaît aujourd’hui comme un agneau sacrifié sur l’autel de l’opinion publique plutôt qu’un geste annonciateur de changements. Le vrai changement attendu par les Québécois viendra en octobre prochain lorsqu’ils éliront un nouveau gouvernement…