Racisme systémique dans l’espace public québécois?
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Date: 22 septembre 2017Auteur: Daniel Nadeau
Toute la semaine, la question des ratés à venir de l’initiative du gouvernement de Philippe Couillard quant à la Commission sur le racisme systémique a fait beaucoup parler. Ce n’est pas là une question simple. On comprend que c’est une revendication de certaines communautés culturelles au Québec qui a été porté par la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec. L’initiative semble être devenue un faire-valoir pour le gouvernement libéral de Couillard pour s’adonner lui aussi à la « wedge politics » c’est-à-dire fouetter sa base électorale tout en pourfendant ses adversaires politiques. Le cœur de cette question est l’identité québécoise.
D’un côté, le gouvernement a de bonnes intentions s’abreuvant aux valeurs universelles particulièrement valorisées par les plus jeunes Québécois et de l’autre les méchants aux mauvaises intentions qui se nourrissent des particularismes d’une autre époque, le PQ et la CAQ, ces méchants nationalistes perdus dans la défense des valeurs d’un autre siècle.
Pourtant, la situation du Québec est bien différente de ce que l’on veut bien en croire. Le Québec et la nation québécoise particulièrement le groupe ethnique issu de la France, les Canayens, ont toujours fait preuve d’une remarquable ouverture envers celles et ceux qui sont venus se joindre à nous au cours des ans. Le fait d’affirmer que nous avons toujours été accueillants et hospitaliers envers celles et ceux qui sont venus habiter avec nous n’est pas une preuve de l’absence chez nous de xénophobie ou encore d’attitudes racistes. Nous ne sommes pas parfaits et parmi nous, il y a des nôtres qui sont capables d’adopter des comportements inacceptables envers les nouveaux arrivants. Avouons-le.
Néanmoins, si je suis capable de reconnaître que nous pouvons parfois agir avec peu d’élégance, serait-il possible que celles et ceux qui viennent se joindre à nous, les Canayens d’origine, prennent conscience que nous avons été conquis, colonisés et sous le joug non seulement par les Britanniques, mais aussi par les nôtres de l’Église catholique. Nous avons survécu à ces blessures. Nous avons tenté de nous donner une fierté avec notre « Révolution tranquille », mais nous sommes toujours fragiles à notre inquiétude identitaire. Nous avons peur de disparaître. Nous avons soif de reconnaissance de nos compatriotes canadiens. Nous souhaitons nouer des liens avec les nouveaux arrivants pour qu’ils se joignent à nous dans notre volonté de pérennité, mais nous nous exprimons mal et nous avons de la difficulté à nous expliquer quant à nos errances et nos ambiguïtés. C’est cela le Québec, ni plus ni moins. Avez-vous encore envie de vivre avec nous?
Chose certaine, débattre de notre volonté de vivre en harmonie avec les nouveaux arrivants et trouver des voies de sortie à des situations que nous ne sommes pas tous fiers ne passent pas par un procès systémique de notre « Nous ». Nous ne sommes pas « Nous contre Eux ». Nous sommes « Nous » contre nos démons. L’idée de faire une commission d’enquête où on fera le procès de ce que nous sommes n’est pas la trouvaille du siècle pour nous convaincre de changer de comportement et d’attitudes. Il vaudrait mieux travailler ensemble sur des solutions concrètes plutôt que de faire le procès du Québec et de ses habitants.