La fête de la musique
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Date: 31 octobre 2017Auteur: Daniel Nadeau
Dimanche soir, nous avons eu droit à la fête de la musique. Louis-José Houde a animé d’une main de maître cette soirée réussie où l’on a mis en valeur nos artistes et les artisans de l’industrie du disque. De nouveaux artistes émergents ont été mis en vedette, de nouveaux visages comme Klô Pelgag et Alaclair Ensemble ont été récompensés, tout comme ceux d’artistes établis tels Daniel Bélanger, Patrice Michaud, Céline Dion et les Sœurs Boulay.
Un beau rassemblement sous le signe du mélange des genres où nous avons pu entendre à la fois Robert Charlebois, Michel Louvain et Charlotte Cardin. La musique du Québec va dans tous les sens et dans toutes les langues. Une industrie en difficulté, mais qui demeure source d’une grande créativité et qui trouve au Québec un public assoiffé de nouveautés et de continuité.
L’hommage rendu à l’un des plus grands poètes du XXe siècle et du début du XXIe, Leonard Cohen valait à lui seul le spectacle. Peter Gabriel lui a rendu un bel hommage tout comme les artistes présents en chantant en chœur l’une de ses plus célèbres chansons Alleluia. Son fils, un artiste de grande qualité lui aussi, Adam Cohen, est venu recevoir le Félix hommage au nom de son père, Leonard. Il n’a pas hésité dans ses remerciements à nous livrer la position de son père quant au meilleur smoked meat à Montréal. Devinez, ce n’est pas Schwartz. C’est celui du Main Deli.
Tout au long de ce gala, on a senti l’omniprésence du scandale qui ébranle actuellement le monde du showbis québécois soit les affaires Salvail et Rozon. De nombreux artistes ont dénoncé sous de chauds applaudissements les gestes posés tantôt en empruntant la voie de l’humour, tantôt du sous-entendu. Le cri du cœur le plus percutant à ce sujet fut celui de Serge Postigo. Venant cueillir le prix de la comédie musicale de l’année, Mary Poppins produite par le Festival Juste pour rire, Postigo a plaidé pour que nous ne jetions pas le bébé avec l’eau du bain. Il a mis en valeur le travail de tous les employés de Juste pour rire et demandé que l’on s’abstienne de faire plus de dommages collatéraux que ceux déjà faits par les vrais coupables tout en s’occupant des victimes. Safia Nolin a ajouté sa voix à celle des autres en incitant les victimes à continuer à dénoncer.
Mais le plus beau moment pour moi fut l’hommage rendu par Robert Charlebois à l’écrivain Rejean Ducharme en interprétant l’une des chansons qu’il a écrites sur un Québec aujourd’hui disparu, celui des manufactures et des gars qui ont de la difficulté avec la shop. Ducharme était un grand écrivain qui ne cherchait surtout pas la lumière de l’industrie du spectacle.
Une fois encore, Louis-José Houde a démontré une belle maîtrise et sa sensibilité naturelle a fait de ce gala dans un contexte trouble un grand succès. C’est une évidence qu’il animera celui des 40 ans l’an prochain.