La pauvreté et l’opinion publique
--
Date: 13 décembre 2017Auteur: Daniel Nadeau
La question de la pauvreté est un sujet qui vend. Ce sujet est en vogue à la période des fêtes où de multiples initiatives viennent en aide aux gens pauvres. La guignolée des médias, les paniers de Noël et de nombreux autres. Le temps des fêtes est particulièrement propice à la culpabilisation à l’endroit des plus démunis d’entre eux. Même si l’on ne peut raisonnablement être contre la vertu, il y a quelque chose de profondément hypocrite dans cette attitude que nous avons devant les pauvres et à la pauvreté. Comme si ces gens n’étaient pauvres que durant la période des fêtes.
C’est pourquoi nous nous réjouissons du dépôt par le gouvernement libéral de Philippe Couillard d’une politique de lutte contre la pauvreté par le ministre responsable, François Blais. Bien sûr, cette politique est fortement décriée par le collectif contre la pauvreté et de nombreux autres organismes qui travaillent quotidiennement avec les démunis. Je comprends.
Néanmoins, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain et reconnaître qu’il y a des avancées importantes pour de nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens aux prises avec le problème du manque de ressources. Le plan déposé par le gouvernement libéral vient surtout en aide à celles et à ceux qui ne peuvent pas participer au marché du travail. Pour ces personnes, le plan du gouvernement Couillard est une nette amélioration. Les revenus qu’on leur accordera connaîtront une hausse significative.
Restent les autres, ceux qui sont aptes au travail. Certaines critiques accusent le gouvernement libéral de les abandonner et de créer deux catégories de pauvres : les bons pauvres inaptes au travail que l’on aide et les mauvais pauvres que l’on veut intégrer au marché du travail. Cette critique est à la fois fondée et injuste. S’il est vrai que notre gouvernement doit aider tous les pauvres, il est aussi vrai que « les pauvres » doivent s’aider. Ne dit-on pas « Aide-toi et le ciel t’aidera »? Ici, le cœur du problème est de trouver le point d’équilibre entre les devoirs que nous avons vis-à-vis de la société comparativement à nos droits. Aucun gouvernement n’a pu trouver jusqu’à ce jour ce point d’équilibre délicat entre l’incitation au travail et la participation du plus grand nombre. C’est là l’os que l’on trouve dans toute tentative de mettre en œuvre des politiques de lutte contre la pauvreté. Nous savons que la pauvreté n’est pas que matérielle. C’est plus complexe que cela.
En attendant, il faut se réjouir de l’annonce de politiques structurantes du gouvernement du Québec en cette matière et convenir que ce n’est qu’un début. Il faut continuer les réflexions et les débats pour trouver le meilleur point d’équilibre permettant de lutter efficacement contre la pauvreté et favoriser une réelle égalité des chances de toutes les citoyennes et de tous les citoyens du Québec. Lors de la prochaine campagne électorale, nous aurions une occasion d’en débattre.