Mal de bloc
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Date: 1 mars 2018Auteur: Daniel Nadeau
À peine croyable. Sept députés élus du Bloc québécois sur dix démissionnent du caucus pour protester contre le leadership de la cheffe, madame Martine Ouellet, et cette dernière refuse de reconnaître sa responsabilité dans le gâchis actuel et entend se maintenir en poste envers et contre tous. C’est à se tordre de rire pour celles et ceux qui croient que le Bloc doit disparaître et à pleurer pour les autres qui croient à la souveraineté du Québec et à la défense des intérêts du Québec à Ottawa.
Nous ne croyons pas que la disparition du Bloc québécois soit une catastrophe politique pour le Québec. Les autres partis politiques présents au Québec sur la scène fédérale sont parfaitement capables d’incarner les aspirations du Québec. Le Nouveau parti démocratique a d’ailleurs récemment pris des positions très claires quant à sa reconnaissance du Québec comme nation tout en étant un lieu important de défense et de promotion de la justice sociale. Pour d’autres, le Parti conservateur du Canada d’Andrew Scheer est lui aussi une solution pour l’électorat québécois qui ne se reconnaît pas dans le gouvernement actuel jugé trop à gauche ni dans le NPD vu comme encore plus à gauche. Les députés conservateurs québécois sont d’ardents défenseurs du Québec.
Il ne faut pas oublier le Parti libéral du Canada de Justin Trudeau qui a quand même réussi à remporter quarante sièges au Québec lors du dernier scrutin et aux dernières nouvelles ce parti caracole toujours en tête des intentions de vote des Québécoises et des Québécois en prévision du prochain scrutin fédéral.
La crise actuelle au Bloc québécois n’est que l’épiphénomène d’une mort annoncée depuis la dégelée infligée à Gilles Duceppe et sa troupe par le NPD de Jack Layton. Le sursaut connu au dernier scrutin avec l’élection de dix députés n’était que le résultat du succès d’estime de Gilles Duceppe. Une sorte de reconnaissance du Québec à l’endroit du travail qu’il a fait dans la défense des intérêts du Québec pendant plusieurs années.
Il est clair que la survie du Bloc québécois passe par le départ de Martine Ouellet à la chefferie. Son obstination pourrait amener les sept députés récalcitrants à envisager, une fois que leur voix sera entendue par les instances du Bloc et qu’ils auront acquis la conviction que rien ne changera, de passer à d’autres formations politiques à Ottawa comme le Parti conservateur et le NPD. Seul l’avenir le dira. Chose certaine, le baromètre de la foi souverainiste n’a jamais été aussi bas auprès de l’électorat québécois. La disparition de ce parti ne serait qu’une chose normale étant donné le contexte politique. Il faudra observer la performance du Parti québécois lors de l’élection d’octobre prochain. Jamais l’avenir du PQ et du Bloc n’aura été aussi lié par une conjoncture politique, mais paradoxalement jamais les liens entre les deux partis n’ont été aussi distendus.