Ah les élections!
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Date: 23 août 2018Auteur: Daniel Nadeau
Aujourd’hui, c’est le début de la période électorale au Québec. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, comme le veut la coutume de nos institutions, a visité le lieutenant-gouverneur du Québec et lui a demandé de dissoudre la 41e législature et d’appeler à une élection générale qui se tiendra le 1er octobre prochain.
Plusieurs d’entre vous se diront « Ah pas encore des élections! » Pourtant c’est un privilège que nous avons d’élire nos gouvernements et de les choisir. Le politologue de l’Université de Sherbrooke, Jean-Hermann Guay et l’historien Serge Gaudreau viennent de publier aux Presses de l’Université Laval un ouvrage qui raconte les 41 campagnes électorales qui ont eu lieu depuis 1867 au Québec. Ce livre s’intitule : Les élections au Québec. 150 ans d’une histoire mouvementée, l’ouvrage nous fait vivre les élections au fil du temps. Cela est riche d’enseignements. On comprend mieux les contextes, les retournements de situation ainsi que le rôle de personnages centraux comme Honoré Mercier, Lomer Gouin, Maurice Duplessis, Robert Bourassa et René Lévesque.
Les auteurs font appel aux journaux de l’époque, aux programmes électoraux, aux sondages. Rien n’est laissé au hasard pour bien nous faire revivre ces élections. Les auteurs nous apprennent ainsi qu’au fil des 41 élections générales tenues depuis 150 ans, « … 13 350 personnes ont brigué les 3 837 sièges convoités selon une logique relativement simple : la personne qui obtient le plus grand nombre de votes représentera ses concitoyens pendant la durée du mandat ». (Jean-Hermann Guay et Serge Gaudreau, Les élections au Québec. 150 ans d’une histoire mouvementée, Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, p. 3)
Bien sûr, au fil du temps, beaucoup de règles ont changé, les électeurs, les conditions pour être un électeur, les partis politiques, les dépenses admises, etc. Ce qui n’a pas changé cependant c’est le côté théâtral de la politique : « Les élections ont sans aucun doute un côté obscur, sinon problématique : les candidats et les partis, pour faire parler d’eux, obtenir l’attention du public, provoquer la participation électorale en leur faveur, se livrent souvent à une surenchère de promesses, de slogans et d’attaques. Ce travail de popularisation, voire de propagande, donne aux campagnes électorales un caractère caricatural, théâtral, parfois grotesque. La compétition des candidats et des partis peut aussi pousser les uns et les autres à mentir et à tricher en vue de voler les élections ». (Ibid. p. 2)
Hermann-Guay et Gaudreau écrivent : « Les 150 ans d’élections montrent clairement que les différents aspects de la vie électorale sont des construits sociaux, acceptés puis contestés, modifiés puis institutionnalisés au fil du temps. Pour être encore contestés. Si les élections ont indéniablement contribué à changer la société, elles ont été réciproquement transformées par la société elle-même. Les enjeux démocratiques et idéologiques, ceux qui sont liés aux classes sociales ou aux groupes linguistiques, ont fait que les campagnes d’aujourd’hui ne sont pas des calques des campagnes d’autrefois. À ce chapitre, le dicton populaire Plus ça change, plus c’est pareil est, à nos yeux du moins, plus faux que vrai. » (Ibid. p. 5.)
Ce qui est incontestable c’est que cet ouvrage est passionnant pour celles et ceux qui s’intéressent à la chose politique. La comparaison entre les époques permet de relativiser certaines de nos croyances d’aujourd’hui. Chose certaine, ce livre est essentiel à toutes et à tous pour mieux comprendre l’histoire contemporaine du Québec. Il faut saluer la parution de ce livre d’histoire politique bien documenté et bien écrit. Une belle occasion pour se réapproprier un genre historique qui a été négligé depuis longtemps au Québec. Merci aux deux auteurs pour ce livre magnifique.