Le « girls’ club » libéral
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Date: 29 août 2018Auteur: Daniel Nadeau
On a souvent reproché aux hommes en politique de former des clans fermés, inaccessibles aux femmes, le boys’ club. Désormais, ce n’est plus vrai, les femmes libérales ont aussi leur clan, leur club : le girls’ club libéral…
Parfois la politique donne dans le surréalisme. La réalité plus vraie que nature. Une réalité surdimensionnée. C’est notamment le cas avec un fait divers de la politique. Une femme ambitieuse qui ne se prend pas pour n’importe qui désire faire le saut en politique. Il faut saluer l’arrivée des femmes en politique. Il n’y en aura jamais trop. Là où le bât blesse, c’est que cette femme a des convictions politiques variables. Elle offre ses services au plus offrant en contrepartie d’un poste prestigieux et de conditions avantageuses pour l’exercice de ses futures responsabilités. Le pactole quoi!
Vous aurez compris que je fais allusion ici à madame Gertrude Bourdon, cette personnalité dite prestigieuse du monde de la santé. Après avoir négociée ferme avec la Coalition Avenir Québec, la candidate pressentie s’est désistée sans que nous en comprenions les raisons. Deux versions ici s’affrontent, celle de la CAQ et celle de madame Bourdon, devenue libérale. Pour la CAQ, le désistement de madame Bourdon tient au refus de son chef, François Legault, d’accorder à madame Bourdon, ci-devant future ministre de la Santé du Québec la presque totalité de la marge de manœuvre financière du gouvernement au budget de la Santé. Pour la candidate pressentie, c’est plutôt son refus d’être complice de la renégociation des augmentations de salaire consenties aux médecins. Qui dit vrai?
Il semble bien qu’à la suite de la publication des échanges de textos entre madame Bourdon et la CAQ que la future ministre de la Santé, d’un hypothétique gouvernement libéral Couillard, ait pris quelques libertés avec la vérité. S’il y a un rapprochement à faire avec notre voisin du Sud, mesdames St-Pierre et Rizqy, c’est la liberté que semble prendre votre collègue avec la vérité. Il semble qu’elle vit dans une réalité alternative.
Pour s’en sortir, les matamores du Parti libéral du Québec ont une idée de génie : transformer cette rentrée politique ratée de leur candidate vedette en une charge frontale contre le chef de la CAQ, François Legault. Accusons-le de sexisme et de mépris envers les femmes. Il critique une femme, madame Bourdon, et il est contre la ligne rose (quoi de plus féminin qu’une ligne rose ?) d’une autre femme, Valérie Plante. La cause est entendue. François Legault pratique une façade de féministe. Surréaliste je vous disais!
La vérité a ses droits. La Coalition Avenir Québec est la formation politique qui présente le plus de femmes à cette élection, 52 % de l’équipe. Le choix de la famille comme vecteur principal vient aider particulièrement les femmes qui ont souvent la charge mentale des responsabilités familiales. Le bilan des libéraux de Couillard en matière de défense et de promotion des femmes n’est pas si reluisant si l’on se rappelle les conséquences de l’austérité budgétaire et en prime deux ministres libérales ont affirmé qu’elles n’étaient pas féministes. Les libéraux devraient se garder une petite gêne sur cette question.
Pire encore, en criant au loup inutilement, les deux candidates libérales discréditent la cause des femmes aux yeux de Françoise David, propos entendus dans le cadre de l’émission Les mordus de politique sur les ondes de Radio-Canada. Personne ne songera, j’imagine, à accuser madame David d’être procaquiste ni encore moins de ne pas être féministe. Même le chef du PQ, Jean François Lisée a pris la défense de François Legault sur ce coup-là.
Surréaliste cette déclaration maladroite de mesdames St-Pierre et Rizqy. Désormais, on pourra penser qu’elles sont les membres fondatrices du girls’ club libéral. Il est vrai que le renouveau libéral est lié à l’innovation. Cette fois cependant, ce n’était pas un bon exemple de renouveau politique ou de politique autrement. On est plutôt dans le genre vieux films en noir et blanc.