Le cirque des médias et l’opinion publique
--
Date: 4 octobre 2018Auteur: Daniel Nadeau
Si l’on veut bien croire la rhétorique guerrière de Québec solidaire entendue ces derniers jours, ce parti est le seul rempart des Québécois, voire de l’humanité, contre un gouvernement et une opposition de droite. Associer la Coalition avenir Québec à une formation politique de droite, voire raciste, est un peu fort en café. J’aurai l’occasion d’y revenir. Chose certaine, il passe sous silence le rôle des médias qui se considèrent par les temps qui courent l’opposition officielle au gouvernement. C’est du moins ce que nous laissent croire les excès auxquels nous avons eu droit ces derniers jours. Les médias contribuent beaucoup à cet état de choses en multipliant les questions pour susciter la controverse, en donnant une surexposition médiatique à Québec solidaire et surtout en voulant dicter les règles de conduite au nouveau gouvernement en matière de relations médias.
Un incident survenu hier lors du point de presse est révélateur à cet égard. Durant le point de presse donné par Geneviève Guilbault et Simon Jolin-Barrette, ce dernier a dû partir pour donner d’autres entrevues. Une journaliste a alors manifesté son mécontentement parce qu’elle exigeait de lui parler et de faire une entrevue avec lui sur une question particulière. Le responsable du point de presse présent a bien cherché à expliquer que madame Guilbault était en mesure de répondre à toutes les questions. Rien ne faisait décolérer la meute de journalistes. Déjà, celle-ci se plaignait du peu d’accès à monsieur Legault. Un véritable cirque. C’est un événement significatif qui montre bien le rôle que cherchent à se donner les représentants des médias. Pourtant, les médias ne sont pas des acteurs politiques. Ils ne sont que des témoins. Mieux encore, les sources ont des droits et particulièrement ceux de répondre ou non aux questions des médias et de choisir à quel moment elles vont y répondre.
Cela est révélateur d’une attitude. Durant la dernière campagne électorale, les médias ont eu un malin plaisir dans la couverture de cette dernière à mettre les divers chefs de toutes les formations politiques en boîte avec notamment les petits quiz du jour. Cela ne sert pas l’intérêt public ni n’éclaire l’opinion publique. Cela ne fait que contribuer au spectacle.
Au cours des prochains jours, le nouveau gouvernement élu en attente de prendre les rênes du pouvoir a tout intérêt à montrer à la presse que c’est qui le patron. Il doit également civiliser ces relations en prenant soin à ne pas permettre que s’installent de mauvaises habitudes. Il est clair que le gouvernement du Québec doit être transparent et rendre des comptes à la population. Ce qui ne signifie pas une exigence de consultation des journalistes sur les nominations à venir au Conseil des ministres ni sur les priorités du gouvernement. Je crois que certains journalistes dépassent les bornes. Il faut que cesse ce cirque médiatique.
En exigeant de parler avec un interlocuteur particulier et en supputant le retour « des méthodes harperiennes » en matière de relations médias, les représentants des médias exagèrent et font preuve de légèreté avec un fait important : ce n’est pas aux médias de dicter les règles de conduite au nouveau gouvernement en matière de relations médias et d’information de la population sur les activités de ce nouveau gouvernement. Il faut rappeler que le gouvernement actuel du Québec c’est celui de monsieur Couillard et des libéraux. Le nouveau gouvernement sera en poste dans une quinzaine de jours. Monsieur Legault et la CAQ n’ont pas encore fait assermenter le nouveau gouvernement. Il n’est donc techniquement pas au pouvoir. On pourra en tenir compte dans les officines médiatiques. Tout vient à point à qui sait attendre dit le vieil adage. Un peu de calme donc…