L’opinion publique américaine s’emballe
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Date: 9 octobre 2018Auteur: Daniel Nadeau
On a beau vouloir mettre en sourdine les frasques du président américain Donald Trump, d’ignorer les excès qu’il sécrète quotidiennement sur son fil tweeter, parfois c’est impossible de contourner ses billevesées. Il est souvent un incontournable du commentaire sur l’opinion publique et l’espace public.
C’est manifestement le cas avec la nomination du dernier juge à la Cour Suprême des États-Unis, Me Brett Kavanaugh qui a fait couler beaucoup d’encre chez nos voisins du Sud et a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux télévisés. On se rappelle qu’à la suite du départ à la retraite du juge Anthony Kennedy en juin 2018, le président Trump se devait d’annoncer un successeur. Son choix s’est porté sur Brett Kavanaugh. Il s’en est suivi de longs et âpres débats au Sénat américain où l’on a pu assister aux pires travers du système de nomination des juges par le Sénat américain. Sous le couvert d’accusations d’agressions sexuelles, le nouveau juge Kavanaugh a vu sa réputation détruite à jamais. Sa nomination ne peut que délégitimer l’un des plus importants piliers de la démocratie américaine et cela que les accusations portées contre lui soient vraies ou fausses. Le mal est fait.
Le processus de nomination du nouveau juge Brett Kavanaugh a mis à jour des brèches importantes dans les traditions de civilité des travaux du Sénat. Les plaies ouvertes sont béantes et cela n’aidera en rien cette démocratie de plus en plus divisée à retrouver un peu de sérénité à l’approche des élections de novembre prochain.
Comme le rapporte une dépêche internationale de l’Agence France-Presse à Washington cité dans La Presse+ : « Après des heures d’audition poignante de l’une de ses accusatrices, Christine Blasey Ford, et le farouche démenti d’un Brett Kavanaugh très ému fin septembre, le sénateur républicain Lindsey Graham avait lancé une tirade enflammée contre ses collègues démocrates, dénonçant, à 63 ans, “la mascarade la plus immorale que j’ai vue depuis que je suis en politique”. »
Au-delà des débats du Sénat, le pire de l’affaire c’est une fois encore le comportement du président Donald Trump dans cette affaire. Non seulement s’est-il moqué dans un ralliement partisan d’une femme qui a démontré beaucoup de courage pour aller dénoncer son présumé agresseur, il a aussi salué le discours partisan de son candidat devant le Sénat. La cerise sur le gâteau c’est les excuses qu’il a offertes hier au nom de la nation américaine à Brett Kavanaugh et sa famille quant au contexte survolté des procédures menant à sa nomination. À quelques semaines des élections de mi-mandat, on ne pouvait imaginer de climat plus explosif pour que l’opinion publique américaine s’emballe…