Les mots assassins dans l’espace public
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Date: 29 octobre 2018Auteur: Daniel Nadeau
Ce n’est pas rien. Une série de colis piégés, quatorze très exactement, des bombes artisanales expédiées aux États-Unis, ciblant des personnalités démocrates et des adversaires de Donald Trump. On a beau dire que ce sont des événements aux États-Unis. On a beau prétendre que cette société a toujours été la proie à des violences. On n’a pas le droit de banaliser ces événements ni de s’y habituer. Ces colis sont une atteinte non seulement à la démocratie américaine, mais à toutes les démocraties. J’aurai d’ailleurs l’occasion de me pencher plus longuement sur cette question dans ma chronique de mercredi prochain qui sera diffusé par le biais de ma collaboration régulière avec le journal Web EstriePlus. Cette chronique s’intitule : Bombes à retardement.
Qu’il me suffise de dire pour le moment au sujet de ces bombes, de la haine et de l’ignorance que l’auteur présumé a été arrêté. Il a un nom : Cesar Sayoc. Son nom est cependant de peu d’intérêt, car son identité véritable est imbécile, division et haine. Le père de ce rejeton peu présentable est sans contredit Donald Trump. Cet homme n’a jamais cessé de diviser les Américains entre eux. Plutôt que de vouloir les rassembler, il les a divisés selon le genre, la race et le type de milieu où ils vivent. Donald Trump s’est attaqué aux institutions américaines comme la Chambre des représentants, le Sénat, les Cours de justice et les médias.
Pour Trump, l’important c’est de gagner à tout prix, qu’importe le prix, devrais-je plutôt dire. Pour Trump et ses supporters, la démocratie est un mal et il faut combattre ce mal avec la seule arme bien : la voix du peuple.
L’épisode que vit présentement la démocratie américaine rappelle comme nul autre exemple que les mots sont des armes et que leur utilisation dans l’espace public n’est pas sans conséquence.
On comprend que les mots peuvent être des armes puissantes. Ce sont avec les mots que nous construisons nos relations avec autrui. L’utilisation et le choix des mots dans l’espace public, nous le dirons jamais assez, sont une responsabilité pour chacun d’entre nous. Nous avons la responsabilité de bien choisir les mots pour exprimer clairement notre pensée ou pour signifier nos désaccords avec d’autres idées que nous discutons. Cette responsabilité est directement proportionnelle au rôle que nous occupons dans l’espace public. Ainsi, un journaliste a un devoir envers les faits, un commentateur doit toujours respecter les opinions contraires aux siennes même s’il a le droit d’exprimer son désaccord. Tout est dans le ton. Les mots sont des armes qu’il faut manipuler avec soin. Les politiciennes et les politiciens qui nous représentent sont à mes yeux les principaux responsables de la bonne tenue de nos débats démocratiques, car c’est l’essence même de leur travail. Donald Trump doit faire un examen de conscience et cela urge pour éviter que les États-Unis ne deviennent un pays happé par une nouvelle guerre civile.