Unanimité complice au parlement de Québec

--

Date: 23 novembre 2018
Auteur: Daniel Nadeau

Ils étaient beaux à voir. Tous les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale, à l’exception de la Coalition avenir Québec qui n’avait pas été invitée à participer à l’événement, ont fait front commun pour exhorter le nouveau gouvernement à agir en matière de changements climatiques. Dans la foulée du mouvement du Pacte sur l’environnement lancé par l’auteur et metteur en scène, Dominic Champagne, les formations politiques réunies ont exhorté le gouvernement Legault à agir maintenant.

C’est quand même étrange le flou artistique autour d’un simple fait, le gouvernement Legault et sa ministre de l’Environnement ont-ils été invité ou non ? La réponse est non pour la ministre de l’Environnement et probablement non aussi pour le gouvernement de la CAQ. On a, semble-t-il, lancé l’invitation à des gens non identifiés de la CAQ et le message ne s’est pas rendu. Une histoire cousue de fil blanc pour dire que l’on n’a pas invité le gouvernement. Dans cette perspective, il est plutôt amusant de voir le chef de l’opposition libérale, Pierre Arcand, attaquer le gouvernement pour son absence. En réponse à une question de Paul Larocque à l’émission La Joute, monsieur Arcand est passé vite sur cette incongruité qu’a constituée son attaque envers le gouvernement Legault pour avoir été absent d’un événement où il n’a pas été invité. Un peu faible.

Il y a aussi le fait tout simple de voir un représentant de l’ancien gouvernement libéral Couillard appuyé par un ancien représentant du gouvernement Marois, artisans tous les deux du projet de cimenterie en Gaspésie, attaquer le nouveau gouvernement sur sa conscience environnementale. Le gouvernement Legault n’a peut-être pas fait une campagne édifiante en matière de changements climatiques, mais les donneurs de leçons péquistes et libéraux devraient se garder une petite gêne. Ça ressemblait à la ligue du vieux poêle des gouvernants éconduits par la population qui souhaitaient prendre leur revanche sur le nouveau conjoint qui a été choisi par leur ancienne compagne. Pas très crédible les péquistes et les libéraux en matière de discours sur les changements climatiques. Leur bilan au gouvernement est largement responsable des inquiétudes actuelles sur la capacité du Québec d’atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre.

Le seul parti crédible, mais aux solutions trop radicales pour la population, sur cet enjeu c’est Québec Solidaire. Manon Massé a fait porter toute sa campagne sur cette question et je suis d’avis que c’est la seule qui avait l’autorité morale pour interpeller le gouvernement sur cette question.

Agir contre les changements climatiques c’est bien beau et tous sont d’accord. Nous le devons à nos petits-enfants et à la planète où nous vivons. Mais dans les faits, cela rime à quoi ? Devons-nous tous abandonner le confort de nos maisons individuelles ? Troquer nos autos pour la marche ou le vélo ? Abandonner nos voyages en avion ? Cesser d’utiliser nos ordinateurs, nos tablettes et nos téléphones, grands consommateurs d’énergie ? Je sais, on m’accusera d’exagérer. Je le fais intentionnellement pour simplement dire que lutter contre les changements climatiques malgré l’urgence demande l’approbation de la population si l’on souhaite le succès de nos initiatives. Ce n’est pas en terrorisant les gens avec des scénarios catastrophes, en leur faisant la morale s’ils mangent de la viande et en les vilipendant s’ils ont des doutes sur l’importance de la contribution du Québec à la lutte aux changements climatiques. En fait, une question, si le Québec disparaissait de la planète demain, combien de temps additionnel disposerait le reste de la planète pour éviter les catastrophes annoncées ? Cela se comptera-t-il en nombre d’heures, de semaines, de mois, d’années ou de dizaine d’années ? Je n’ai pas la réponse exacte, mais je crois que cela comptera bien peu dans le calcul aggloméré de tous les gaz à effet de serre qui affectent le climat de notre planète. Devrait-on ne rien faire à cause de cela ? Non. Juste avoir un peu plus de mesure dans nos propos sur cette question et plus de retenue dans les attaques envers le nouveau gouvernement de monsieur Legault.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

* Copy This Password *

* Type Or Paste Password Here *