Pédophilie et Église catholique romaine
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Date: 28 mars 2019Auteur: Daniel Nadeau
Il n’y a pas à dire, la sacro-sainte et ancienne puissance incontestée, l’Église catholique romaine est en crise. Les scandales sexuels qui n’en finissent plus et surtout la volonté manifeste de la vénérable institution de cacher ces faits depuis toujours sont en train de révéler les pieds d’argile de ce géant.
Devant cette crise de confiance mondiale et la désaffection des catholiques de partout qui se détournent de leur Église, l’Église catholique romaine n’a plus le choix. Elle doit faire acte de contrition et chercher à regagner la confiance de celles et ceux qui croient encore au message chrétien. La tâche est immense et bien des gens postuleront avec conviction que cela est une impossibilité.
Ce n’est pas sans raison que le pape François avait réuni ses évêques au Sommet de Rome qui a été vécu comme une profonde déception par les participants. Au lendemain de la tenue du sommet de Rome sur la pédophilie, les attentes étaient nombreuses et les espoirs ont été déçus. Même si le pape François a promis de mener une lutte de tous les instants et à tous les niveaux aux actes pédophiles, les représentants de la société civile présents pressent l’Église de mettre en action ses bonnes intentions. L’une des participantes à ce sommet, Annie Barett Doyle, a déclaré que : « Le pape a annoncé une bataille contre les abus sur les mineurs, mais avec les armes les plus faibles qu’on puisse imaginer. S’il mettait en pratique ces 21 points, il mettrait fin à ce fléau une fois pour toutes. »
Chez nous au Québec et au Canada, la situation n’est guère plus reluisante. Nous n’en finissons plus de découvrir des actes pédophiles commis par des religieux appartenant à diverses communautés. Il ne faudrait surtout pas oublier les gestes hautement répréhensibles commis à l’égard des communautés autochtones par les membres des communautés religieuses ni l’épisode des orphelins de Duplessis au Québec. L’Église catholique est en crise. Une crise grave et profonde qui remet en question l’idée même de sa pérennité. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas rien.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la tentative annoncée hier de l’archevêque de Montréal, monseigneur Lépine. « L’Archevêché de Montréal s’est tourné vers une juge à la retraite pour examiner plusieurs milliers de dossiers de prêtres et ainsi déterminer le nombre et la nature d’allégations d’abus sexuel commis sur des mineurs par des membres du clergé depuis 1950, une démarche qu’un porte-parole de victimes décrit comme “une enquête bonbon”.
“L’idée, c’est que si on veut aller de l’avant du point de vue de la question des abus sexuels sur des personnes mineures, il faut pouvoir prendre autant qu’on le peut la mesure du passé, la mesure des événements”, a expliqué en entrevue l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine ».
C’est trop peu et trop tard pour être crédible. Le chemin de croix de l’Église catholique romaine dans le monde et au Québec sera très long. Il faudrait à l’Église un rebranding de sa marque. Au fond, ça prendrait un nouveau messie. Un Jésus 2.0 pour rebâtir des liens de confiance. Les chances qu’une telle opération réussisse sont nulles.