Salaires des élus et opinion publique
--
Date: 28 mai 2019Auteur: Daniel Nadeau
Nous avons pu lire hier que certains de nos élus municipaux se sentaient mal à l’aise avec le fait que c’est au Conseil municipal que revient la responsabilité de fixer le salaire des élus. Ce qu’il faut comprendre c’est que nos élus sont assez expérimentés pour savoir que des citoyennes et des citoyens ne manqueront pas de leur reprocher de hausser leurs salaires alors que leur priorité serait plutôt de réparer leurs rues ou encore de baisser leurs impôts fonciers.
C’est triste et amusant à la fois de constater comment l’individualisme mène au manque de perspective globale sur ce qu’est de vivre en société et des obligations qui incombent à chacun d’entre nous. À titre d’illustration, prenons l’exemple du déneigement. À Sherbrooke, comme dans la plupart des villes, ce sont des cols bleus syndiqués qui travaillent au déneigement de nos rues et de nos trottoirs l’hiver. Quand une tempête de neige s’abat sur notre ville un weekend, notre rue, s’il elle n’est pas une rue principale, ne sera libérée de sa neige que le lundi. La raison en est fort simple c’est que les conventions collectives prévoient souvent des primes pour travailler les fins de semaine. Les citoyennes et les citoyens, loin de ces préoccupations immédiates, fustigent souvent la Ville pour un mauvais entretien alors que ce sont les règles du marché du travail qui en sont la source et non pas la mauvaise volonté de qui que ce soit. Or, direz-vous, on n’a qu’à renégocier les conventions collectives. Pourtant, ces mêmes citoyens seraient les premiers à ne pas apprécier être obligés de travailler le weekend sans avantages particuliers.
Par cet exemple tout simple, je veux démontrer que la gestion de nos affaires communes par des élus que nous élisons demande beaucoup de connaissances fines, de doigté et de disponibilité. Ce n’est jamais facile de satisfaire tous ses commettants pour un élu. Il doit à la fois faire face aux impératifs de la réalité et aussi aux humeurs des électeurs.
Tout cela pour dire que je suis parfaitement en accord à ce que l’on paie mieux nos élus. Cela n’a rien à voir avec leurs qualités intrinsèques, mais à l’importance de leurs fonctions. Je veux bien que notre ville soit bien gérée, et Sherbrooke fait partie des villes de sa taille les mieux gérées au Québec, mais pas à partir d’économie de bouts de chandelles sur le dos de la rémunération de nos élus.
La hausse de salaire annoncée pour nos élus est légitime et il est important à mes yeux qu’une Ville paie ses représentants correctement. Nos élus municipaux n’ont pas à se sentir mal à l’aise d’être payés convenablement. De cette manière, nous pouvons espérer attirer de meilleurs talents à ces postes ingrats que représente la tâche de nous représenter. Il est inévitable qu’une partie de l’opinion se fasse entendre négativement à ce sujet. Ce n’est pas un drame. C’est cela la vie démocratique…