Le baroud d’honneur de PKP
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Date: 2 décembre 2019Auteur: Daniel Nadeau
Dans les coulisses de la décision du gouvernement de François Legault de favoriser la formule coopérative présentée par les employés et les cadres du Groupe Capitale Médias se profile un bras de fer politique entre Pierre Karl Péladeau et le gouvernement du Québec. Sur son fil Facebook, monsieur Péladeau invite le gouvernement à revoir sa décision dans l’affaire de la faillite de Groupe Capitale Médias et de considérer sa proposition de se porter acquéreur des quotidiens régionaux. Pierre Karl Péladeau affirme que le gouvernement Legault fait un mauvais choix qui va mener à la dilapidation de fonds publics : « Laissez de côté votre orgueil et vos parties de bras de fer, monsieur le premier ministre, et prenez plutôt les justes mesures pour protéger l’information régionale comme nationale », a écrit M. Péladeau.
En même temps, Pierre Karl Péladeau s’indigne des propos du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon à l’endroit de la présidente du Conseil de TVA et affirme que : Le premier ministre du Québec et son ministre de l’Économie et de l’Innovation, que nous aurions cru attentifs à la pérennité des entreprises, à la solidité des plans d’affaires, à la lutte contre le gaspillage des fonds publics et à l’intérêt général des Québécoises et des Québécois, se sont récemment lancés dans une opération de tordage de bras et d’intimidation envers Desjardins en les menaçant de revoir les crédits d’impôt auxquels Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD) a droit en vertu de sa mission d’investissement et de développement économique, crédits également accessibles à d’autres fonds comme celui de la FTQ (Fonds de solidarité FTQ) et de la CSN (Fondaction).
« J’interpelle le premier ministre et le ministre de l’Économie et de l’Innovation à l’effet qu’il serait plus utile pour le Québec et ses médias qu’ils refassent leur travail et leur analyse. Il aurait lieu qu’ils reconsidèrent la proposition de Québecor présentée au début du processus. »
Bref, Pierre Karl Péladeau fait l’éloge de son modèle d’affaires : Québecor est mieux positionné que tout autre acteur corporatif pour la reprise de Groupe Capitales Médias. « Ainsi, Québecor ferait de cette activité un projet rentable plutôt qu’un canard boiteux nécessitant l’argent des contribuables que François Legault aura décidé de faire financer par l’ensemble des contribuables », a-t-il écrit.
Pour le patron de Québecor, « il en va de la démocratie saine et vivante ». « La précipitation improvisée du gouvernement compromet aussi l’indépendance des salles de rédaction puisque ces dernières seront les affidées du gouvernement pour assurer le financement des pertes d’exploitation qui ne manqueront pas d’être très importantes », ajoute le magnat de la presse au Québec.
Ce que ne dit pas monsieur Péladeau c’est pourquoi il a choisi de ne pas déposer de propositions aux créanciers pour racheter les actifs des quotidiens régionaux et surtout ce qu’il entendait faire une fois qu’il en aurait fait l’acquisition. Il semble être aussi peu préoccupé d’un autre danger qui guette la démocratie québécoise : celui de la concentration de la presse et des médias aux mains d’un seul homme…